C’est quoi ce petit train électrique qui va circuler sur les voies ferrées oubliées ?
sur la bonne voie•Draisy, un train léger pouvant transporter dans des conditions optimales 80 passagers, pourrait bien dans un futur très proche permettre de relier les gares isolées aux quatre coins de la FranceGilles Varela
L'essentiel
- Lohr a développé un « train miniature » appelé Draisy, pesant 20 tonnes et pouvant transporter 80 passagers. L’objectif est de redonner vie aux petites lignes ferroviaires abandonnées ou menacées pour offrir une alternative à la voiture dans les zones peu denses.
- Présenté en 2022, Draisy doit être testé sur rails début 2027 en Moselle avant une mise en service espérée par Lohr en 2028. L’ambition est de proposer une « solution sur mesure » aux collectivités pour les aider à maintenir un service ferroviaire à moindre coût.
- Avec plus de 9.000 km de « petites lignes de campagnes » rien qu’en France et un marché potentiellement international, ce petit train électrique pourrait permettre de relier les petites villes et villages aux grands axes ferroviaires via des gares multimodales, favorisant ainsi les mobilités douces.
Désenclaver les petites villes et villages, favoriser les mobilités douces à la voiture individuelle, développer les plus petites lignes de train… Le tout sans ruiner les collectivités. Draisy, concept développé par l’industriel alsacien Lohr, la SNCF et trois autres partenaires – GCK Battery, Stations-e et l’Institut de recherche technologique Railenium-, devrait faire mouche car c’est une petite révolution technologique voire idéologique qui se profile. A savoir, un train, spécifiquement conçu pour répondre à de nombreux enjeux.
L’idée ? Utiliser les voies ferrées tombées en désuétude voire abandonnées, souvent pas ou peu électrifiées, pour y faire circuler ce « train miniature » spécialement conçu. Sorte de croisement entre un tram et un TER. Léger, Draisy fonctionne sur batteries et peut transporter jusqu’à 80 passagers dont 30 assis et atteindre les 100 km/h pour une autonomie maximale de 100 kilomètres.
Un train modulable
Et le marché est énorme pour ce petit train. Sur les « 9.100 km de voies aujourd’hui faiblement exploités, avec en moyenne 13 trains par jour et 30 voyageurs par train, précise David Borot, directeur de Tech4Mobility à la direction innovation groupe SNCF, 5.700 km de voies ne sont plus du tout utilisées. Ce nouveau train vise ces deux types de "petites lignes". Celles faiblement exploitées et celles qui ne sont plus utilisées et qui pourraient être rouvertes à moindres frais grâce à un système de trains légers, plus économiques, mieux dimensionnés comme Draisy », précise David Borot. Ce sont des lignes où il n’y a pas de mixité de circulations voyageurs, c’est-à-dire que n’y circulent que des trains TER, pas de TGV ni d’Intercités, et pour certaines, occasionnellement des trains de marchandises.
Avec ses 14 mètres de long (soit l’équivalent d’un bus) et son poids réduit de 20 tonnes, ce nouveau train est adapté aux petites lignes desservies encore aujourd’hui par des autorails de 47 tonnes, souligne Lohr. Les objectifs de Draisy ? Réduire les coûts d’exploitation qui sont optimisés, les coûts d’entretien des voies, la facilité de mise en place du système et par ricochet une plus grande fréquence de passage pour les passagers. Le train est aussi modulable avec un espace vélos et une grande zone de plain-pied pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite et les poussettes.
Des batteries rechargées en deux minutes ?
« L’objectif est de redonner une solution de mobilité dans les territoires peu denses, pour que les gens puissent se déplacer autrement que par leur voiture individuelle », explique Julien Rat, directeur de la division ferroviaire chez Lohr. « Les régions n’ont pas d’outils pour répondre aux besoins des usagers. » L’entreprise alsacienne espère y répondre en étant « sur le marché dès fin 2027, début 2028 ». Après de premiers essais début 2027 sur la ligne Sarralbe-Kalhausen en Moselle.
Lohr travaille sur un système de charge rapide par le sol qui permettra de recharger en station et en moins de deux minutes les batteries. Le train miniature, à peine plus long qu’un bus, devrait circuler, avec un conducteur, sur des lignes qui lui sont dédiées. « Mais on va aussi aller chercher des autorisations pour s’insérer sur 500 ou 600 mètres dans des gares de villes moyennes pour pouvoir faire la connexion avec d’autres types de trains qui arrivent car c’est ce qui est évidemment intéressant pour les voyageurs. »